Des Femmes turques

Nous avons déjà évoqué Lady Mary Montagu et son rôle dans la variolisation pour éradiquer la maladie, avant l’invention du vaccin par Jenner en 18061 ! Son séjour de deux ans, à partir de 1716, en Turquie où son mari était ambassadeur, lui a aussi permis de faire connaître en Angleterre, à travers ses nombreuses lettres, la vie peu connue du pays et surtout des femmes !

Ces 900 lettres ont été détruites, sauf une ! Mary es a écrites de 1719 à 1724 ; on connaît une version littéraire à sa correspondance. Ces « Lettres de Turquie » ne seront publiées qu’après sa mort en 1763 ! Elles étaient envoyées à sa sœur, ses amies et aux grandes dames de l’aristocratie britannique, dont la princesse de Galles !

Sa position privilégiée, femme et ambassadrice, lui donna accès à des milieux, harem, hammam, où elle fut la première femme européenne à pénétrer ! Son apprentissage de la langue lui permet d’apporter un témoignage ethnographique intéressant ! En dehors de l’enfermement du harem, la liberté de la femme turque semble paradoxale en pays musulman ! Elle conserve sa dot alors qu’en Angleterre la femme est dans la dépendance du mari ! Les questions d’argent sont une préoccupation personnelle qui apparaît dans des lettres à sa famille.

Une autre forme de liberté existe au sein de l’univers exclusif des femmes. Mary admire l’aisance des corps nus et l’absence de tabou, mais elle peine à se laisser dénuder par les femmes turques qui prennent son corset pour une ceinture de chasteté !! On l’image, là, sans atour, dans la société anglaise ! Mary est fascinée par la beauté des corps, la somptuosité des décors et l’extrême propreté !

Mary fut la première des grandes voyageuses ! Les femmes d’Orient étaient un sujet favori au 18e siècle. Ingres peignit le « Bain Turc » ! Mary s’intéresse à elles mais se limite à la haute société turque ! Ses lecteurs européens appartiennent aussi aux classes privilégiées ! L’histoire populaire viendra plus tard.

H.D. d’après Arte

1H.D. « Quelques unes » p. 21