Renaissance du papier en Italie

Un voyage du Club en Auvergne nous mena au Moulin Richard de Bas, près d’Ambert où du papier est produit « à l’ancienne » en utilisant l’énergie d’un moulin à eau pour actionner des maillets broyant des chiffons afin d’obtenir la pâte à papier.

Le papier, inventé par les Chinois, amélioré par les Arabes, restait fragile et absorbait l’encre. Le papier moderne est né à Fabriano, dans la région d’Ancône, en Italie, ville active d’artisans où des papetiers eurent, au XIIIe siècle, l’idée d’incorporer dans la pâte la colle animale obtenue chez leurs confrères tanneurs. Cela permit au papier de remplacer le parchemin.

Puis le filigrane apparut, par hasard, vers la fin du XVe siècle. La pâte à papier est recueillie dans l’eau sur un réseau serré de fils métalliques où l’ouvrier doit la répartir régulièrement pour obtenir une épaisseur uniforme. Les feuilles, pressées entre des feutres pour essorage, sont ensuite séchées. On peut alors voir par transparence les traces des fils. Mais il fallut un défaut dans le réseau, laissant une trace anormale dans le papier, pour donner l’idée du filigrane, ce qui permit au producteur de marquer l’origine de la feuille.

Fabriano connut une prospérité extraordinaire. Puis les papetiers émigrèrent, leur technique se répandit en Europe et la ville végéta. La renaissance arriva à la fin du XVIIIe siècle. En 1782, Milani regroupa les artisans papetiers pour fonder une industrie moderne. Les chiffons furent remplacés par la cellulose du bois. Des usines furent créées avec des logements ouvriers, en avance sur leur temps, et les premières crèches d’Italie. L’entreprise Milani obtint une médaille d’or à l’exposition de Londres en 1851. Des écrivains ont utilisé ce papier, un musée a été créé dans la ville. En 2002, l’état italien a imprimé des coupures en euros sur du papier Fibriano.

A côté de ce papier industriel, des feuilles artisanales ont séduti les milieux artistiques pour imprimer des textes et de petites séries. On trouve aussi des papiers à inclusions végétales. Ces productions sont proposées dans les catalogues des moulins à papier comme celui d’Ambert.

HD d’après Arte