Les deux femmes du mont Blanc
- roberttimon
- 10 juin 2024
- 2 min de lecture
Marie Paradis

L’envie d’atteindre ce sommet a dû venir à bien des habitants de la région, fascinés par la beauté grandiose du site ! Mais les dangers de la montagne et de possibles croyances populaires ont dû en rebuter beaucoup d’affronter les risques de l’ascension !
Il faut attendre 1786 pour que le guide Jacques Balmat tente l’entreprise en passant la nuit en altitude ! Il réitérera en 1787 avec le Suisse Horace Bénédict de Saussure et en 1788 avec l’anglais William Wortley ! Les ascensions sont rares ensuite !
En 1808, une candidate apparaît : Marie Paradis, née en 1779 à Chamonix. Servante d’auberge illettrée, elle vit avec sa mère au hameau des Houches. Ses motivations sont sans doute de deux ordres ! D’abord le désir de voir réussir des gens de la Vallée après ces étrangers ! Mais aussi, les encouragements des guides qui insistent auprès d’elle pour qu’elle devienne célèbre et riche en rencontrant les gens voulant la voir !
A l’été 1808, elle part dans un groupe de Jacques Balmat. Après une longue marche et une nuit de repos, les difficultés deviennent éprouvantes. Les péripéties sont rapportées par le guide Payot et, avec quelque fantaisie, par Alexandre Dumas, qui rencontra Marie en 1832, dans ses « Impressions de voyage suisse ». Épuisée, elle doit être soutenue sous les bras pour la porter jusqu’au sommet où elle arrive presque évanouie !! Devenue héroïne locale, elle offre un dîner aux groupes à leur retour pour célébrer leur réussite après les risques encourus ! Elle ne deviendra pas un véritable alpiniste ! Ce rôle précurseur sera celui d’une autre femme ! Le nom de Marie Paradis sera donné à une école, à des rues, des centres sportifs.
Henriette d’Angeville

Henriette d’Angeville naît en 1794, à Semur-en-Auxois, dans une famille franco-suisse aisée dont un grand-père est guillotiné ! A dix ans, déjà, elle a escaladé quelques monts du Bugey et rêve du mont Blanc ! Elle sera la première à l’atteindre sans aide, comme le reconnaîtra Marie Paradis venue fêter sa réussite. On la surnomme la « fiancée du Mont-Blanc » ! L’opération a lieu en 1838, soigneusement préparée, avec des tenues vestimentaires adéquates ! Elle est la première à troquer la jupe contre le pantalon pour les courses en montagne. Douze guides, porteurs, muletiers, l’accompagnent ! Son « carnet vert » a une valeur historique et ethnographique ! Dix-huit de ses dessins ont été achetés par le département de Haute-Savoie ! Célibataire, un héritage lui permettra de vivre sa passion pendant vingt-cinq ans. Elle s’intéresse aussi à la spéléologie et, à 69 ans, ajoute un sommet suisse à son palmarès. Elle meurt à Lausanne en 1871.
Quelque peu imbue de sa culture pour mieux comprendre la montagne, elle a contribué à l’émancipation des femmes par l’écriture et le sport ! Deux livres sont récemment parus : en 2017, « La Dame du Mont-Blanc » par Colette Cosnier, et en 2021 « La Vie épistolaire d’Henriette d’Angeville », par Marc Forestier.
HD d’après Arte


Une aventurière et écrivaine contemporaine, Elise Wortley, a participé à des expéditions (dont une au mont Blanc) avec l’équipement d’époque pour souligner le mérite des femmes qui les avaient réalisées !
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